L'écriture inclusive, au service des femmes, vraiment?

« Adrasteia examinait les femmes. Même si leurs silhouettes étaient variées (de la petite et large Samite à la svelte Cordélia), elles avaient toutes quelque chose en commun, et qu'Adrasteia leur enviait férocement : elles avaient confiance en elles, étaient à l'aise dans leur corps, dans l'univers, et sûres d'être à leur place dans le monde. Et cela leur donnait un éclat particulier, même aux plus banales d'entre elles. »

 

Cet extrait de la série de fantasy Le Porteur de lumière, de Brent Weeks, m’inspire de nombreuses réflexions et l’une d’elle m’a menée vers le sujet de l’écriture inclusive, sur fond d’un certain féminisme, qui me préoccupe beaucoup ces derniers temps.

Une femme qui est sûre d’être à sa place dans ce monde ne se la laisserait voler par personne, et surtout pas par les femmes qui prétendent que les femmes doivent lutter pour prendre leur place. C’est un non sens pour elle. Les femmes qui sont sûres d’être à leur place, en étant sûres d’elles, confiantes et à l’aise dans leur corps inspirent les femmes qui doutent encore d’elles et les aide plus sûrement que ne le font les femmes qui ne voient en leurs consœurs que des petites choses fragiles.

Les femmes qui sont sûres d’être à leur place n’ont que faire de l’écriture inclusive et autres mesures cosmétiques impropres à solutionner les problèmes que ses adeptes, qui ne vivent généralement pas dans leurs tripes la domination masculine, prétendent résoudre.

Les femmes qui sont empêchées de prendre leur place dans le monde, dans certains états, par des hommes et des femmes qui utilisent des lois et des religions pour les dominer et les soumettre, se moquent sûrement bien des femmes qui n’ont d’autre préoccupation que la diffusion de l’écriture inclusive.

Je refuse de participer à cette entreprise par respect pour les femmes qui ne sont pas encore sûres de leur place dans le monde. Je refuse d’attirer l’attention sur une prétendue invisibilité de la moitié de la population et sur leur prétendue faiblesse. Je refuse de participer à diffuser l’idée que la femme est une victime en puissance. Je refuse de faire semblant de croire qu’écrire toustes, iel, auteurice et autres horreurs a le moindre pouvoir de faire évoluer le sort des femmes qui, de façon systémique, collective et non individuelle, comme c’est le cas en France, subissent des atrocités sans noms.

Cette écriture a en revanche un fort pouvoir de nuisance sur la langue. Elle rend des textes illisibles et des discours lourds et inaudibles et les amoureux de la littérature devraient s’en inquiéter.

J’ai la désagréable impression que certaines personnes qui écrivent ainsi le font pour se donner bonne conscience, pour avoir l’impression de s’engager activement dans une cause alors qu’il s’agit du degré zéro de l’engagement. D’autres semblent le faire pour flatter un lectorat, des clients, pour être dans l’air du temps. Certaines croient sincèrement bien faire et pensent que cela est bon pour les femmes. Mais c’est avoir, de mon point de vue, une piètre image des femmes. J'écoute les adeptes de cette écriture et je comprends leur logique et leurs arguments, mais la plupart du temps je ne comprends pas comment ils passent du constat qui les amène à écrire ainsi à l'affirmation que l'écriture inclusive est la solution pour résoudre les problèmes constatés. 

 

L’écriture inclusive repose sur une vision misérabiliste de la femme et je préfère tourner mon regard vers des femmes sûre de leur place dans le monde, plus belles, plus inspirantes et qui donnent envie d’aimer être une femme et d’aimer les femmes.

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