L'enfer tient tout entier dans nos mémoires

 

"Il est des moments de sa vie qu’on regretterait amèrement de devoir revivre. J’imagine parfois que les damnés ne sont soumis dans l’au-delà à d’autre supplice que de repasser perpétuellement dans leur esprit le souvenir de ces seuls instants. L’Enfer tient tout entier dans nos mémoires."

 

Ces propos, prêtés à Madame de Maintenon par Françoise Chandernagor dans L'Allée du roi laissent entendre qu'en enfer, après notre mort, nous pourrions passer notre temps à nous remémorer nos pires souvenirs. Mais n'est-ce point là ce que nous faisons de notre vivant ? Nous entretenons notre enfer personnel, intime, chaque fois que nous nous remémorons un souvenir désagréable, une situation que nous ne parvenons pas à accepter, à dépasser, et sur laquelle nous revenons inlassablement en pensée. Alors même que nous aurions préféré ne jamais les vivre, chaque fois que nous nous remémorons des scènes effroyables, désagréables, odieuses, et tristes, nous les revivons et nous en souffrons de nouveau.

Comment sortir de cette boucle infernale alors qu'oublier est impossible ?

Allons voir derrière les souvenirs qui nous hantent. Ce qu'ils nous ont fait vivre en arrière plan est ce que nous leur reprochons, plus que ce qu'ils sont. Plus que ce que nous avons vécu, il est dur d'accepter ce que nous avons ressenti. Nous avons rejeté ce que nous ressentions, nous avons refusé de vivre ce moment de vérité et de nous regarder dans le miroir. Mais nous s y avons entraperçu quelque chose de nous-mêmes, un reflet fugace, et nous y revenons parce que nous avons profondément envie de nous regarder en face.

Pour sortir de nos boucles infernales, pour que nos souvenirs cessent de nous faire souffrir, nous pouvons choisir de les revivre avec l'intention de regarder ce reflet. Qu'avons-nous ressenti, tout au fond ? N'avons-nous pas ressenti de la satisfaction derrière notre angoisse ? N'avons-nous pas ressenti de la jouissance derrière notre colère ? N'avons-nous pas ressenti du soulagement derrière notre tristesse ? Lorsque nous acceptons de nous regarder dans le miroir, les flammes de notre enfer intimes s'éteignent. Lorsque la partie de nous qui avait tenté de se montrer lors de l'évènement douloureux et que nous avons refusé de regarder se sent enfin reconnue, elle ne souffre plus et ne nous fait plus souffrir. 

 

 

Portrait de Madame de Maintenon, château de Maintenon. 

http://www.chateaudemaintenon.fr/decouvrir-le-chateau/les-personnages/madame-de-maintenon

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